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Coups de base ... pour intermédiaires
jeudi 6 décembre 2007, par
Les "six coups de base"... c’est la base. Donc c’est ce qu’on apprend au début, une bonne fois pour toutes. Enfin normalement ! En pratique, ils se travaillent à tous les niveaux. En tant que débutant, parce qu’il faut bien les apprendre. A un niveau intermédiaire, parce que leur maîtrise en tant que mouvement global de tout le corps n’est pas aisée. Et même à un niveau de compétition, parce que pour les accélérer ou les placer au bon moment, il faut encore du travail.
Cet article s’intéresse plus particulièrement au travail à un niveau intermédiaire.
Justification : Pourquoi revenir sur les 6 coups de base ?
Un certain nombre de choses ont besoin d’être apprises plusieurs fois. C’est le cas des six coups de base de la canne de combat. En général, on en a appris les principes élémentaires lors d’une initiation ou par mimétisme lors des premiers cours. Puis on les a appliqués à travers divers exercices et échanges... et force est de constater qu’on en a souvent profité pour prendre de mauvaises habitudes. Et comme perdre ces habitudes n’était pas l’objet des cours, on les a gardées.
Aussi, à un niveau intermédiaire (après quelques mois, voire quelques années), alors qu’on pense bien connaître les coups, c’est intéressant de revenir dessus et d’y consacrer un travail spécifique pour définitivement perdre les mauvaises habitudes et finir de prendre conscience du mouvement global de chaque coup. Arrêter de donner le coup avec le bras ou le poignet et le donner enfin avec tout le corps.
Objectif
L’objectif est d’aller au-delà du mélange de compréhension intellectuelle et de réflexes acquis par répétition qui constituent le bagage du débutant pour aller vers une compréhension plus globale, une prise de conscience de la dynamique et de la logique interne des coups.
Pré-requis : Les coups de bases doivent être connus, pratiqués mais pas forcément complètement maîtrisés.
Axes de travail
A un niveau intermédiaire, trois axes me paraissent fondamentaux, pour consolider les bases :
- L’armé : On ne le répète selon moi jamais assez, l’armé, c’est vraiment le coeur du mouvement. En travail technique pour débutant ou intermédiaire, on ne devrait se concentrer que sur cela. Un armé bien compris et bien exécuté, c’est 95% du mouvement, le reste en découle naturellement. Avant un niveau avancé, c’est la seule chose qu’on peut accélérer sans devenir violent. Et à un niveau avancé, c’est trop souvent ce qui pêche.
- Les transferts de poids et rotations des appuis : continuation naturelle du premier, il peut nécessiter un travail spécifique. Cette adaptation générale du corps aux coups, permet à la fois de renforcer le dynamisme et la technique du coup, tout en protégeant des traumatismes le dos et les articulations.
- L’inertie de la canne : Trop souvent oubliée à mon goût, la prise de conscience de l’inertie de la canne est pour moi la clé de voute de la compréhension des coups de base. Pour moi on ne "tape" pas avec la canne, on la "lance" en la gardant juste en main. C’est ce lancer qui donne tout son intérêt à l’armé. C’est ce lancer qui permet d’accélérer sans se raidir et sans devenir violent. C’est ce lancer qui nous rappelle que la canne est une arme contondante et qu’il n’y a qu’en misant sur son inertie qu’elle peut garder son efficacité d’arme.
Une séance possible
préparation du cours du 6/12/2007
– Échauffement général
– Échauffement spécifique
- Travail sur l’inertie de la canne (en cercle avec une canne)
- la manipuler du bout des doigts et essayer de lui faire faire des belles courbes, sans la perdre et sans durcir ses doigts. Essayer les trajectoires horizontales.
- idem mais entre le pouce et l’index.
- Travail sur les appuis (collectivement, avec les débutants face aux avancés pour contrôle visuel).
- passage de l’appui avant à l’appui arrière. Dans les deux gardes.
- passage d’un appui à l’autre avec rotation. Dans les deux gardes.
- Idem en ajoutant le bras (mouvement de latéraux). Les deux talons touchent le sol au moment de la frappe.
– les croisés
- Latéral croisé, faire les armés mais sans déployé. En garde, armer, en garde, armer.... Faire tenir chaque position et corriger. Accélérer l’armé sans se raidir.
- Idem mais en appelant parfois le déployé. Vérifier le retour sur les appuis.
- Croisé tête, étape par étape. Transfert, retour.
- Croisé bas, idem.
- en duo, on enchaîne doucement, Latéral croisé, Croisé tete deux fois et on finit par un croisé bas (léger sur les lignes basses pour éviter un travail d’échauffement trop poussé sur les fentes). Toujours en vérifiant bien les appuis.
- On reprend seul et collectivement, mais en essayant d’accélérer. Les débutants et les intermédiaires tentent juste d’accélérer. Les avancés essaient de doubler en accélérant. Toujours contrôle des armés et des postures. Croisé tète.
- Idem latéral croisé.
- Assaut souple avec 3 coups enchaînés finissant nécessairement par un croisé.
- On essaie les même coups chacun pour soit en tenant la canne avec 2 doigts.
- idéalement manipuler une corde.
- On change de main et on refait doucement chaque coup en intériorisant la latéralisation.
– les extérieurs
- Latéral extérieur, faire les armés mais sans déployé. En garde, armer, en garde, armer.... Faire tenir chaque position et corriger. Accélérer l’armé sans se raidir.
- Idem mais en appelant parfois le déployé. Vérifier le retour sur les appuis.
- Brisé, étape par étape. Transfert, retour.
- Enlevé, idem.
- en duo, on enchaîne doucement, Latéral extérieur, brisé deux fois et on finit par un enlevé. Toujours en vérifiant bien les appuis.
- On reprend seul et collectivement, mais en essayant d’accélérer. Les débutants et les intermédiaires tentent juste d’accélérer. Les avancés essaient de doubler en accélérant. Toujours contrôle des armés et des postures. Brisé
- Idem latéral extérieurs.
- Assaut souple avec 3 coups enchaînés finissant nécessairement par un croisé.
- On essaie les même coups chacun pour soit en tenant la canne avec 2 doigts.
- idéalement manipuler une corde.
- On change de garde et on refait doucement chaque coup en intériorisant la latéralisation.
– Intégration
- En duo,chacun son tour, on enchaîne brisé, latéral croisé en faisant bien attention à l’armé et aux appuis.
- Idem croisé tête, latéral extérieur.
Gérer l’hétérogénéité
Dans un groupe les niveaux sont souvent hétérogènes. Pour éviter que la moitié des gens ne s’ennuient ou soient perdus, il faut pouvoir ajuster le travail pour que chacun y trouve son compte.
Pour ce cours, l’idéale est que les participants ajustent la vitesse d’exécution en fonction de leur niveau.
Merci à Philippe pour la relecture
Cet article est une introspection basée sur mon expérience personnelle. Pour être réellement aboutit, il faudrait le rapprocher du corpus officiel pour à la fois étayer ses fondements théoriques et enrichir ses développements.
Messages
1. Bilan du cours, 6 décembre 2007, 22:13, par Julien Falconnet
Un très très mauvais cours en somme. Sans doute aussi mauvais qu’il me semblait bon sur le papier. J’ai fait moins de la moitié de mon programme, de nombreux élèves semblent s’être ennuyés. Impossible de maîtriser mon temps, chaque exercice me semblait durer deux fois plus que mon ressenti, pourtant j’ai eu l’impression de me donner à chaque instant. Quand au professeur titulaire, il a tout à fait abondé dans ce sens : "Mauvais cours", "sans dynamisme" et "avec de nombreux oublis". Enfin la catastrophe quoi.
Toujours un peu décevant de décevoir ou d’ennuyer quand on essaie de s’investir, mais il faut se rendre à l’avis général. Enfin pour repartir du bon pied, voici quelques leçon que je vais essayer d’en tirer :
– Si le programme semble ne pas tenir dans le temps, il ne tiendra pas, rien ne sert d’essayer de passer en force. Ne pas hésiter à raccourcir.
– Si les élèves s’ennuient, il faut réagir tout de suite. Changer de rythme, changer de thème, changer quelque chose en somme. Dans un cour collectif de sport, il n’y a pas de "mal nécessaire". Avoir toujours un exercice intéressant et récréatif sous la main pour relancer le cours. La dimension ludique de la canne est importante, il faut s’en servir.
– Tout le bien fait à quelques élèves dont on s’occupe particulièrement ne contrebalancera jamais le mal fait à tous les autres qui attendent.
– Un cours improvisé vaut mieux qu’un cours insuffisamment préparé (pour moi sans doute particulièrement), au moins on reste à l’écoute plutôt que de se prendre les pieds dans un plan brouillons.
Je m’aperçois aussi que mon cours a été finalement complètement déséquilibré avec beaucoup trop de temps de mouvement sans canne. Il faut que je retrouve les ingrédients qui devraient être présents dans chaque cours et que je me donne des garde-fous pour assurer que tous les cours les comportent tous.
1. Bilan du cours, 6 décembre 2007, 23:40, par Philippe Breucker
Mais non, mais non, ce n’était pas très très mauvais...
Bon je n’ai pas eu le temps de t’en parler en sortant alors je le fais maintenant, comme ça tout le monde en profite (d’ailleurs il serait bon que tous les participants donnent leurs avis...)
Tout d’abord c’était un sujet faussement facile : "les coups de base" c’est toute la canne fondamentale, à revisiter en un cours.
Pour moi c’était mission impossible.
Et pour une mission impossible, ben c’était déjà pas mal ! On en avait discuté avant et je t’avais dis que je pensais qu’il était préférable de séparer le cours en deux, voir en trois...
Le principal problème, et ce qui a généré "l’ennui", à mon avis, c’est le fait que pour plusieurs exercices (ceux du début sur le transfert de poids, notamment) tu as fais conciensieusement le tour de chacun et pendant ce temps les autres ne pouvait que répéter inlassablement l’exercice, qui à la longue, était effectivement un peu ennuyeux. Je pense que faire apprendre aux débutants face à face avec les avancés était une bonne idée, mais il fallait qu’ils puissent communiquer par couple. Si les avancés avaient pu donner plus de conseils en cours d’exercice, ça aurait été plus dynamique. Tu aurais été alors à même de passer parmis nous et de corriger les couples un à un, tout en y passant moins de temps... Il manquait le changement de partenaire également, tout en gardant un couple débutant/avancé.
Mais par contre les effets de répéter le même mouvement de transfert de poids et d’armé ont été très bénéfiques : j’ai tiré avec un débutant par la suite et il m’a semblé que son armé était bien meilleur qu’avant : il avait compris la base du transfert de poids et de rotation. Pour moi l’objectif était atteint avec lui au moins !
Peut-être le problème était donc - encore une fois - le mélange des publics : l’objectif est similaire mais pour les avancés c’était une remise en cause de leur pratique, alors que pour les débutants c’était un apprentissage.
Donc le traitement devait être différent. Je ne pense pas que lorsqu’on est avancé (et je parle aussi bien pour moi) on arrive facilement à remettre en cause sa pratique de base, parfois vieille de quelques années. Moi j’ai apprécié de pouvoir voir à jusqu’à quelle vitesse je pouvais aller avant de perdre ce transfert de poids et de commencer à faire n’importe quoi.
Pour finir : j’ai entendu, à la fin du cours, au moins deux bonnes remarques du type "moi ça m’a fait beaucoup de bien". De la part de débutants.
En conclusion ton cours était compliqué à mettre en place, et surtout je crois qu’il y a une partie ou les niveaux différents auraient du mener à des exercices différents...
De là à dire que c’était un très mauvais cours, faut pas exagérer...
On apprend aussi (et surtout) de ses échecs !
2. Bilan du cours, 12 décembre 2007, 21:48, par Marc A
Non, je trouve même que c’était un excellent cours analytique, de dissection des mouvements, insistant sur la rotation du bassin,l’armé...Peut-être même faudrait-il dans chaque cours 5 minutes de ce type d’analyse...p.e. décomposer la volte, le décalage....
Bravo pour l’effort intellectuel analytique, et merci Julien.
Marc Arrata
3. Bilan du cours, 2 décembre 2008, 15:59, par K-tya
Je ne sais pas si le cours est bon ou pas et je ne permettrai pas de juger puisque je ne suis pas moniteur. Alors je vais simplement livrer mes impressions sur ton article. Je pense que c’est la première fois que quelqu’un a ressenti la même chose que moi avec une canne à savoir l’inertie. Quand j’ai lu les lignes à propos de l’inertie je m’y suis complètement retrouvé. Et je pense que c’est l’essence même de la canne. C’est l’inertie de la canne qui nous fait faire des mouvements fluides, armés (car cette inertie ne peut être entretenue sans armer) et, finalement, beaux. Après ton approche pour faire découvrir l’inertie est bien mais peut être laborieuse. A Bordeaux, lors de mes débuts, on faisait des séries de 20, 30 brisés. Et je me suis rendu compte qu’à moins d’armer parfaitement et de conserver l’inertie de la canne, l’exercice était vite très fatigant (arrêt de la canne, relance, arrêt, etc est très éprouvant). Il en va de même pour les autres coups bien sûr. Bref à la fin, je trouve que l’on ressentait bien l’inertie de la canne et en fait c’est elle qui nous entraine et nous ne faisons que la guider.
4. Bilan du cours, 2 décembre 2008, 18:52, par Julien Falconnet
Merci de ton intervention (c’est de plus en plus rare les gens qui lisent jusqu’au bout ;) ).
C’est marrant, pcq justement, c’est avec le brisé que j’ai vraiment le plus de mal à bien sentir l’inertie. Sur les latéraux pas de problème mais sur les verticaux et en particulier le brisé, difficile de m’y retrouver ou de le transmettre. Faudra que je regarde tes brisés la prochaine fois ;)